S’il permet de gagner du temps sur les trajets entre le domicile et le bureau, et de mieux concilier vie personnelle et professionnelle, le télétravail présente des risques physiques et psychiques avérés pour la santé. On fait le point.
Le télétravail et le travail hybride (temps partiel de télétravail) sont devenus légion chez bon nombre de salariés depuis la crise sanitaire liée au Covid. Selon les statistiques de l’Insee, environ 47 % des entreprises françaises ont intégré une part de télétravail dans leur mode de fonctionnement en 2023, un taux qui a plus que doublé par rapport à la période précédant la pandémie. Si cette pratique est plébiscitée par les salariés, elle comporte néanmoins des risques non négligeables pour la santé.
Sédentarité et poste de travail inadapté
Le télétravail, lorsqu’il s’effectue au domicile, conduit souvent à diminuer ses déplacements quotidiens à pied en supprimant les trajets vers le lieu de travail ou les déplacements à l’intérieur de l’entreprise. En outre, il amène à demeurer en position assise plus longtemps, en adoptant des postures du tronc prolongées et inconfortables.
Ces postures de travail sédentaires et la mauvaise ergonomie des postes contribuent à accroître le risque de maladies comme l’hypertension artérielle, l’insuffisance cardiaque, le diabète de type 2, l’obésité, les cancers (côlon, poumon, utérus…) ou les troubles musculo-squelettiques (TMS). Une étude de Santé publique France, publiée fin 2023, montre que le télétravail augmente le risque de survenue de lombalgies (mal de dos ou lumbago) chez les télétravailleurs. La prévalence de ce TMS passe de 5 % pour le travail hybride, à 9 % pour le télétravail à temps plein. Enfin, le télétravail implique un travail prolongé sur écran qui engendre de la fatigue oculaire.
Isolement et surconnexion
Cette nouvelle organisation du travail présente également des risques pour la santé mentale (dépression, voire burn-out). En cause : l’isolement accru, l’affaiblissement des interactions personnelles, les difficultés à construire de la cohésion sociale, parfois le contrôle excessif des managers, etc. Par ailleurs, le télétravail brouille la frontière entre vie personnelle et professionnelle et conduit souvent à un étalement du temps de travail. Cette surconnexion peut engendrer du stress et des troubles du sommeil. Ces risques psychosociaux sont d’autant plus importants pour les femmes, puisqu’elles gèrent généralement, en plus de cette charge professionnelle, les tâches ménagères et parentales de leur foyer. Tout en subissant les inégalités professionnelles. Pour toutes ces raisons, elles sont davantage exposées au burn-out.
Comment se protéger ?
Pour prévenir ces risques, il est essentiel d’aménager un espace de travail adapté (chaise ergonomique, souris déportée, hauteur de bureau et d’écran ajustées) et de faire des pauses régulières pour s’étirer et se déplacer. Par ailleurs, établir des horaires de travail clairs et encourager la déconnexion après les heures de travail aide à séparer vie professionnelle et personnelle et à éviter l’hyperconnection. Dans tous les cas, il faut que l’employeur établisse des règles claires et sensibilise salariés et managers à ces risques.
Alexandra Luthereau, juillet 2024